Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  INITIATIVE DES NOTES

Les libéraux vaudois pourraient s'aligner sur le Conseil d'Etat et retirer leur initiative sur les notes à l'école

Paru dans Le Temps le 21 mai 2004

Retravaillé, le contre-projet du Département de la formation trouve un consensus devant la commission du Grand Conseil. En réintroduisant les notes dès la cinquième année, Anne-Catherine Lyon paraît avoir trouvé le compromis à même de pacifier l'école.  
   
 «Un compromis bâti dans un esprit constructif, sans la capitulation d'un camp ou de l'autre.» Membre de la commission du Grand Conseil vaudois chargée de se pencher sur les modalités d'un retour des notes à l'école, le radical Jean Martin résume ainsi le ton des travaux, qui viennent de se terminer. Inimaginable en 2001 lors de son lancement dans une ambiance politique survoltée, prudemment envisageable au début du mois de mars lorsque Anne-Catherine Lyon a présenté le contre-projet du gouvernement, le retrait de l'initiative libérale sur les notes paraît dès lors non seulement possible, mais hautement probable. Ce qui éviterait au canton une votation fortement émotionnelle, et verrait la cheffe du Département de la formation et de la jeunesse (DFJ) gagner son pari: pacifier l'école.

Président du comité d'initiative, Jacques-André Haury se refuse à ce stade à préciser ses intentions. «Tout ce que je dirai, c'est que le climat est propice à l'école vaudoise, et que je m'en réjouis. Pour le reste, le comité d'initiative se réunira le 1er juin et discutera de manière approfondie.» Le député lausannois s'en tient là, tout comme sa collègue de parti et de comité Janine Panchaud, qui confirme aussi la sérénité des réunions de la commission, mais juge «primordial d'attendre les discussions du Grand Conseil». De divers côtés n'en revient pas moins la satisfaction des plus actifs des initiants au terme de l'examen du contre-projet. Le discours qu'ils tiendront devant les quatorze autres membres du comité – seuls à même de décider d'un maintien ou d'un retrait du texte – sera donc très certainement celui de l'apaisement.

Celui aussi du devoir accompli. Alors qu'ils avaient entamé leur combat dans un système où les écoliers vaudois dépendaient d'appréciations durant toute leur scolarité, les initiants peuvent légitimement dire aux 20 000 citoyens qui les ont appuyés qu'ils ont eu gain de cause sur l'essentiel. En concédant des «codes chiffrés» dès la 7e année, Francine Jeanprêtre avait en son temps assoupli une première fois le dogme.

Soulignant que le vote de la réforme EVM en 1996 n'avait jamais supposé une disparition des notes, proposant leur réintroduction pleine et entière (avec des moyennes de branches) dès la 5e année, Anne-Catherine Lyon est allée beaucoup plus loin. Certes pas autant que les libéraux, qui réclament des notes dès la 3e année, mais assez pour qu'une poursuite de la bataille ressemble à de l'acharnement. Dans le contre-projet, la nécessaire clarté des notes est reconnue dès l'entrée au cycle de transition, ce qui répond au besoin d'information des parents. Enfin, les travaux de la commission ont encore précisé d'importantes nuances sur le rôle des notes dans les apprentissages, la place des épreuves de référence et la formulation des «bilans périodiques» transmis aux parents.

Dans la pesée d'intérêts qu'ils vont faire, les initiants devront encore prendre en considération d'autres critères, qui tendent tous à les dissuader d'être jusqu'au-boutistes. Il y a l'objective minceur de la divergence qui subsiste, qu'il sera difficile de dramatiser pour convaincre les votants. Il y a le fait que les acteurs de l'école, enseignants et surtout parents, se sont lassés de voir celle-ci chargée d'enjeux hautement idéologiques, et aux prises avec de perpétuels changements. Tous attendent un retour à la stabilité et à la durabilité scolaire. Il y a le fait que le DFJ a compris le message et s'efforce depuis une paire d'années de calmer le jeu.

Politiquement, enfin, les libéraux ont d'autres bonnes raisons de se montrer conciliants. En s'obstinant alors qu'on leur tend la perche, ils sembleraient se marginaliser. Le résultat de la votation de dimanche sur l'imposition des successions prouve aussi que les Vaudois sont attachés aux compromis lorsqu'ils tiennent la route. Le parti risquerait une nouvelle défaite en voulant à tout prix avoir raison tout seul.

Tenant à se prémunir d'une éventuelle saute d'humeur du Grand Conseil, le comité d'initiative ne prendra certainement pas franchement position avant les débats, qui se dérouleront au mois de juin. Il serait quand même étonnant qu'il n'affiche pas ses bonnes dispositions d'une façon plus ou moins voilée. L'intervention de Jacques-André Haury lors du débat d'entrée en matière sera en tout cas très attendue.

Laurent Busslinger 




 

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