Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  HOMOSEXUALITÉ

Le devoir d’exemplarité

Paru dans 24 Heures le 24 janv. 2008

Le débat sur l’homosexualité dans l’Eglise comporte un piège: celui d’une discrimination. Qu’elle soit positive ou négative, toute démarche de discrimination des individus fondée sur un élément de leur nature est contraire à l’enseignement du Christ.

Que fais-tu de ce corps, de cette intelligence, de cette foi qui te sont accordés? Voilà la seule question posée par l’Evangile. Au grand dam de son entourage, le Christ s’est approché de la Samaritaine, de Zachée, du centurion romain parce qu’il refusait les étiquettes collées sur leur front et les discriminations dont ils étaient l’objet.

La discussion sur l’identité sexuelle des fidèles devrait donc s’arrêter là. Il en va de même pour les pasteurs. Leur identité, notamment leur orientation sexuelle, ne devrait préoccuper l’Eglise que sur un point: que font-ils des dons qu’ils ont reçus, quelle est leur œuvre? Et cette œuvre forme un tout, au sein duquel il n’est pas question de distinguer ce qui relève de la vie publique et de la vie privée.

L’Eglise est en droit d’attendre de ses ministres qu’ils s’emploient à rendre témoignage de l’Evangile, et seulement de l’Evangile. Il n’est pas question d’imaginer qu’un pasteur se serve de son ministère comme d’un tremplin pour faire avancer la «cause» de l’homosexualité, pas plus d’ailleurs qu’aucune autre cause politique.

De façon générale, l’Eglise doit rappeler que le ministre exerce un rôle d’exemplarité qui restreint sa liberté personnelle. Ce rappel dérange certains; mais il constitue un problème important qui mériterait bien davantage l’attention du Synode que celui de l’homosexualité. Car cette exigence est lourde pour un ministre, et c’est souvent l’aide charitable de la communauté qui lui serait nécessaire.

Et les couples homosexuels? L’Eglise protestante vaudoise semble exclure de les bénir. Mais elle envisage «une liturgie spécifique à proposer aux couples homosexuels liés par un partenariat enregistré». Les puristes apprécieront la nuance; les photographes ne feront pas la différence…

Il convient de rappeler que la Réforme n’a retenu qu’un nombre minimal de liturgies spécifiques, et à la condition qu’elles fussent solidement basées sur les textes bibliques. Inutile de dire que cette condition n’est pas remplie – et de très loin! – pour les unions homosexuelles.

On ne peut s’empêcher d’y voir une démarche relevant purement de la reconnaissance d’une identité sexuelle.

Dans la société, la question de l’homosexualité a fait l’objet d’un vaste débat. La discrimination a été exclue du droit; le partenariat enregistré a été accepté par le peuple suisse*. L’Eglise n’a pas à servir de prolongement à un combat politique. Les protestants vaudois sont en droit d’attendre de leur Synode qu’il aborde cette question délicate avec une seule préoccupation: la fidélité à l’Evangile.

Qu’il ne cède à aucune revendication identitaire ou communautariste éloignée de cet enseignement. Et qu’aucune tentative de récupération de «parts de marché» dans l’offre religieuse n’altère la sérénité de ses décisions. Tout particulièrement en cette semaine où les chrétiens prient pour leur unité…

Note:* Je l’ai moi-même soutenu dans ces colonnes, le 11 mai 2005 Demain: Evangile pour les homosexuels, par le pasteur Claude Schwab.

Jacques-André Haury




 

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