Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  RÉFLEXIONS

Intégrons par le mérite

Paru dans 24 Heures le 11 fév. 2009

«Vous leur direz, aux autres, que j’ai fait zéro faute?» Albion, petit élève immigré, n’était pas seulement fier d’être parvenu, une fois, à répondre à toutes les questions posées par la maîtresse; il voulait que ses camarades le sachent!

Lorsqu’ils parlent d’intégration des étrangers, nos spécialistes ne parlent que de leurs droits.

Et si l’intégration suivait un autre chemin? Et si l’intégration s’obtenait par la mise en valeur des efforts entrepris par les immigrés eux-mêmes, c’est-à-dire leur mérite personnel?

Le 27 septembre dernier, Whitney Toyloy était couronnée Miss Suisse. La presse s’est plu à relever ses origines multiculturelles. Anne-Catherine Lyon a même jugé important de reconnaître son mérite en se rendant personnellement au Gymnase d’Yverdon pour féliciter la lauréate. Y a-t-il plus bel exemple d’intégration?

Parmi les nombreuses camionnettes qui arborent, chez nous, le nom d’une entreprise, l’une a attiré mon attention: «Gashi Fils, plâtrerie-peinture». Ils sont venus de l’ex-Yougoslavie, ils ont eu le courage de se lancer; en 2006, ils ont créé une entreprise. Dira-t-on assez qu’il s’agit d’une intégration réussie, réussie par le mérite?

Quant aux nombreux jeunes immigrés qui recourent à la violence, ou qui se livrent à des courses de vitesse au volant de leur bolide, ne cherchent-ils pas à démontrer qu’ils peuvent être les meilleurs dans une société qui ne leur en donne pas d’autres occasions?

Parce qu’il ne suffit pas d’organiser de temps à autre des concours de beauté, ou des concours sportifs. C’est dans la vie quotidienne que le jeune immigré doit pouvoir démontrer ses compétences. Et cette vie quotidienne, c’est l’école.

Le malheur veut que, au moment même où le nombre d’enfants immigrés est le plus élevé, l’école publique ait décidé d’éliminer toute forme de compétition. Pas de note, pas de rang dans la classe, pas de concours. Et surtout, pas d’échecs! C’est tout le contraire qu’il faudrait. Un système qui valorise les réussites, qui récompense les mérites. Lorsqu’un apprenti «sort premier du canton», c’est non seulement lui-même, mais aussi toute sa famille, toute sa communauté qui s’en trouve honorée et, de ce fait, mieux intégrée.

On peut imaginer mille situations permettant à des individus de relever un défi, de démontrer qu’ils peuvent figurer au rang des meilleurs: seuls ceux qui méprisent les immigrés contesteront cette évidence. Au moment où la politique d’intégration fondée sur les «droits à» montre ses limites, nous affirmons que le mérite, c’est-à-dire la récompense de l’effort, constitue la clé d’une intégration réussie.

Un exemple? Barack Obama vient de réaliser la plus formidable démarche d’intégration des Noirs dans l’histoire des Etats-Unis. Non pas en revendiquant des droits, mais par son seul mérite. C’est que, à gauche comme à droite, l’Amérique récompense l’effort. Il ne suffit pas d’applaudir: Obama nous invite à renouveler fondamentalement notre discours sur l’intégration. Il est à craindre que nos penseurs de gauche, si présents dans les milieux de l’intégration comme dans ceux de l’école, ne soient pas très ouverts à cette remise en question.

L'invité Jacques-André Haury




 

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